Il y a peu de temps, je me suis inscrite sur Netgalley, une plateforme qui propose des services presse au format numérique. Eh oui, je lis enfin en numérique (mieux vaut tard que jamais) ! En parcourant le catalogue disponible, je suis tombée sur cette nouveauté à paraître aux éditions Stock : Bellevue, de Claire Berest (sorti le 27 janvier 2016). Tout en ne connaissant rien de cette auteure, je me suis laissée séduire par le résumé de ce roman…
Au lendemain de ses trente ans, Alma, une écrivaine parisienne, se réveille aux urgences psychiatriques de Bellevue. En quarante-huit heures seulement, son existence semble avoir vacillé du côté sombre. Seulement, elle ne se souvient pas de la façon dont elle est arrivée ici… Que s’est-il passé pendant ces deux jours ? Comment Alma en est-elle arrivée à un tel point de non-retour, elle qui avait en apparence tout pour être heureuse dans son quotidien ?
Quand survient une attaque de panique, difficile de rester calme et rationnel… C’est ce qui arrive à Alma un soir sans crier garde, la veille de son trentième anniversaire. Le cap de la trentaine est souvent mal vécu par les femmes. Ce 4 juin-là symbolise une réelle fracture dans la vie de la jeune femme, qui marque son profond rejet d’elle-même et de sa vie d’avant. C’est à partir de ce jour-là que tout dérape. Entre sa peur de la trentaine et ce que cet « entre-deux âges » implique, sa relation conjugale avec Paul qui semble ne plus lui apporter aucun épanouissement, c’est finalement sa rencontre avec le célèbre écrivain Thomas B. qui va lui donner l’opportunité de céder à cette part de folie qui n’a de cesse de la gagner. Muée par de puissantes pulsions destructrices, tout bascule très vite…
L’enjeu de cette histoire, c’est de mettre l’accent sur les conséquences d’avoir à subir constamment la tyrannie des apparences et le poids des règles de bienséance dans certains milieux huppés et fermés. Arrivée à la trentaine, une femme souffre de certains préjugés, de certains clichés liés à son âge : c’est que met en exergue le personnage d’Alma, elle qui rejette tout en bloc, au point d’auto-détruire « l’Alma d’avant ». On relève également au fil de l’intrigue des éléments sur la condition de l’écrivain (au sens générique du terme) et la perception que semble avoir l’auteure sur son propre statut (via celui d’Alma), le tout appuyé par des exemples précis comme celui de l’auteur Julien Gracq.
Les chapitres oscillent entre moment présent lors de l’hospitalisation d’Alma en hôpital psychiatrique et les deux jours qui ont précédé son internement. S’alternent alors des rythmes différents, la tension autour d’une femme sur le point d’imploser succédant au désœuvrement du personnage retenu contre son gré dans une institution de santé. Le rythme des mots et des phrases s’en ressent. Chaque chapitre apporte ses éléments de contexte, qui viennent s’ajouter aux autres tout au long de l’histoire, et l’on découvre petit à petit ce qui s’est passé la veille et les jours précédents. Le lecteur est gagné par un besoin pressant de tourner les pages, pour savoir ce qu’il s’est réellement passé, emporté lui-même dans le tourbillon et par le rythme du roman.
Le temps de l’action est relativement court et se déroule sur quarante-huit heures. Pour autant, le roman en lui-même est dense, la plume de l’auteure vive et sans détours. Au-delà des mots et de l’intérêt même de l’histoire, la construction du roman permet de ressentir intensément ce qui vit la protagoniste principale, et c’est sans conteste faire preuve d’un vrai talent d’écrivain que d’avoir réussi ce tour de force en finalement peu de pages…
Merci aux éditions Stock de m’avoir permis de lire ce livre, que j’ai beaucoup apprécié.
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